La Roumanie a toujours été un pays de traditions et d’affaires. Et même si de nombreux glandus confondent encore Bucarest avec Budapest, ça reste une ville très agréable. J’y suis né, j’y ai grandi et c’est là aussi que j’ai vécu mes premiers émois. Cette ville m’a forgé et m’a fortifié.
Imaginez un gamin livré à lui-même, avec une mère alcoolique et un père absent. C’est bon, vous avez bien l’image en tête ? Ce gamin qui grandit quasiment dans la rue, c’est moi. Les potes que je me fais, ce sont des gens pas forcément recommandables… je deale avec eux, je trempe dans des magouilles, tout ce qui est possible pour gagner un peu de fric. Parce qu’à l’époque, mon rêve, c’était de me payer une moto, une belle bécane à bichonner…
Côté école, j’ai toujours fait le minimum pour éviter les emmerdes mais avoir quand même le bagage pour me débrouiller. J’ai vite rejoint une bande et j’ai fini par y prendre tout à fait ma place. A 17 ans, je suis devenu chef de bande et j’ai commencé à chercher des combines pour gagner toujours un peu plus.
Bucarest n’est pas immense, mais ce n’est pas une petite ville non plus. Mon objectif a vite été de gagner du terrain et de gagner du pouvoir.
A l’âge adulte, j’ai commencé à fréquenter des types importants. J’ai fait mes preuves dans le maniement des armes et je dois dire que le fait d’être du genre bagarreur et violent, ça m’a bien servi.
Après une bagarre un peu plus trash que les autres, j’ai été vachement amoché et j’ai passé plusieurs semaines en convalescence dans une petite chambre au-dessus d’une artiste. Une musicienne hors pair, capable de faire gémir un violoncelle comme on fait gémir une nana pendant l’amour… Je suis tombé amoureux de sa musique. Puis, comme j’ai repris des forces un peu à la fois, j’ai pu tomber amoureux d’elle aussi. Gabi Ibanescu… Elle a cédé à mes avances, on s’est même mariés. Je vivais une super histoire d’amour… mais elle ne savait rien de mes activités professionnelles.
Avoir mon propre bar, ça m’a toujours tenté, et ça, Gabi le savait, mais quand on gagne sa vie malhonnêtement, il faut blanchir le fric avant de pouvoir l’utiliser. C’est pour ça que j’ai fait affaire avec Darko. Avec sa boite, c’était le gars idéal pour ce taff. Et quand on a buté un mec ensemble, ça nous a définitivement liés. C’est moi qui ai tiré. Et ça a été filmé.
Le père de Gabi a commencé à chercher la merde. Un vieux con, mon beau-père, je ne peux pas le dire autrement. J’ai dû me planquer pendant un moment, Gabi m’a brisé le cœur et puis il a bien fallu que je magouille avec son connard de petit Ricain pour récupérer la cassette et la détruire. Darko m’a bien soutenu, sur ce coup. Je rigole encore souvent en pensant aux deux potes du Ricain et à la peau de leurs dos collée à la super glue. Un vrai coup de génie !
Bref, après cette histoire de cassette, Gabi qui s’est tirée avec son Charlie-boy, j’ai déconné. J’ai eu besoin de fric et j’ai tapé dans la caisse de Darko. Un gros trou de plusieurs briques.
Quand il a capté l’embrouille, il a vite fait le lien. J’ai dû partir. Loin.
C’est ainsi que je suis arrivé ici. Je me fais discret, parce qu’il ne faudrait pas que Darko vienne fouiner jusqu’ici. Je planque mon pognon et je m’en sers sans trop faire de flammes… J’ai même trouvé un job comme barman. J’ai presque réalisé mon rêve… sauf que c’est pas mon propre bar. Enfin, l’avantage, c’est que je peux facilement emballer des filles et des mecs. Comme on dit dans mon pays : « O gaură este o gaură. »
Je ne cherche rien de particulier, j’ai juste envie de vivre. Mais je ne me livre pas.
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Nigel Balan - [url=https://between-world.forumactif.com/u9]Mads Mikkelsen[/url]